Pour Jean-Marc Ayrault, la dette publique de la France a augmenté de 600 milliards d'euros entre 2007 et 2011. C'est en tout cas ce qu'écrit le Premier ministre dans un communiqué publié lundi, suite à l'audit de la Cour des Comptes sur les finances publiques de la France. "La situation des finances publiques laissée par le précédent gouvernement rend nécessaire une action déterminée de redressement", explique-t-il également. Sauf que ces chiffres méritent une clarification, voire une correction.
Ils avaient d'ailleurs déjà fait débat entre François Hollande et Nicolas Sarkozy lors de l'entre-deux-tours présidentiel. A l'époque, le candidat socialiste assurait que la dette avait "augmenté de 600 milliards d'euros depuis le début du quinquennat" de son rival. Un argument en partie rejeté dans la foulée par Nicolas Sarkozy. "Le déficit depuis 2007 n'a pas augmenté de 600 milliards mais de 500 milliards. Une erreur de 100 milliards, ça pose question", avait-il déclaré, appelant les journalistes à confirmer ses propos.
LeJDD.fr avait alors vérifié les chiffres avancés par les deux concurrents dans la course à l'Elysée. En fait, selon les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la dette publique était de 1.717 milliards d'euros fin 2011 et de 1.211 milliards fin 2007. L'augmentation était donc sur ces cinq années de 506 milliards d'euros. Mais tout dépend de ce que l'on entend par le "début du quinquennat de Nicolas Sarkozy". Si l'on prend les chiffres de fin 2006 (1.152 milliards d'euros), sachant que le président sortant avait pris ses fonctions à la tête du pays en mai 2007, on obtient une différence de 565 milliards, et non de 600.
"L'année 2012, je vais en hériter"
Le lendemain, sur France 2, François Hollande avait d'ailleurs donné quelques précisions sur les chiffres donnés lors du débat présidentiel. "Quand je prends la dette début 2007 et la dette fin 2012, nous aurons bien 600 milliards d'augmentation", avait-il alors expliqué. "L'année 2012, je vais en hériter. Le budget a été voté et donc la dette devra être prise à la fin de l'exercice", avait poursuivi le socialiste. Reste à comparer ces deux chiffres. En mars, le gouvernement Fillon avait rehaussé à 89,1% du Produit intérieur brut la prévision de la dette publique en 2012. En proportion, cela donnerait 1.783 milliards d'euros de dettes. Et donc une différence de 631 milliards d'euros, par rapport à la fin 2006.
Une distinction entre fin 2011 et fin 2012 - expliquée par François Hollande donc - que ne fait pas Jean-Marc Ayrault. Dans le communiqué publié lundi, il écrit : "Entre 2007 et 2011, la dette publique a augmenté de 600 milliards d’euros". Une erreur donc. Le Premier ministre aurait en effet dû parler de 2012, et non de 2011. Car même si l'on prend les chiffres de la dette publique fin 2006 (1.152 milliards d'euros) - et non 2007 - et fin 2011, on obtient une différence de 565 milliards, et non de 600. Un écart de 35 milliards.
Plus de 90% du PIB fin 2012
Au final, le chiffre devrait être encore plus important que les 631 milliards d'euros évoqués plus haut. Lundi, lors de la présentation de son rapport sur la situation française, le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a en effet laissé entendre que la dette publique devrait dépasser les 90% du PIB à la fin 2012. Comme le gouvernement table sur une augmentation de 0,4% de ce dernier cette année, la dette publique pourrait atteindre 1.804 milliards d'euros. Et l'écart entre la fin 2006 et la fin 2012 serait alors de plus de 650 milliards. Il serait de 593 entre fin 2007 et fin 2012. Alors, Jean-Marc Ayrault serait dans les clous. Sauf qu'il s'agit avant tout de prévisions et qu'elles concernent l'année 2012.
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