lundi 24 mars 2014

Douloureux premier tour pour les socialistes

Le Parti socialiste et la majorité, en recul dans plusieurs villes, ont vécu dimanche un premier tour des municipales très douloureux, et devront, au deuxième tour, parvenir à mobiliser la gauche et ses électeurs qui se sont abstenus pour inverser la tendance. Marseille reste la plus grosse déconvenue pour la majorité : Patrick Mennucci y est relégué en troisième position, derrière le FN, avec 20 points de retard sur le maire sortant UMP, Jean-Claude Gaudin, selon des estimations. La victoire emblématique dès le premier tour du FN Steeve Briois à Henin-Beaumont (Pas-de-Calais) face au maire sortant Eugène Binaisse (32,5%), soutenu par le PS, EELV et le PCF a aussi glacé les socialistes. "Je suis désolé qu'on en soit arrivé là", a déploré le ministre Benoît Hamon.
D'autres revers sont tout aussi symboliques : Niort a basculé à droite après près de 60 ans de gouvernance de la gauche. Amiens, Angers, Caen, Reims, Saint-Etienne pourraient faire partie de la liste des défaites dimanche prochain, lors du second tour des municipales. Dans d'autres villes, la situation semble délicate pour les socialistes. Voire périlleuse, comme à Quimper où, surprise, le maire sortant et conseiller de François Hollande Bernard Poignant (28% des voix) est devancé par le candidat UMP-UDI Ludovic Jolivet (29%).

Carlotti terrassée à Marseille

Même à Paris, où le PS est solidement implanté depuis 2001, NKM a devancé en nombre de voix Anne Hidalgo, et ce, même si la socialiste reste favorite. Enfin, deux stars socialistes, Martine Aubry à Lille et Gérard Collomb à Lyon, n'ont pas réussi à passer dès le premier tour.
A cette liste, il faut ajouter les situations, diverses, des ministres. Rares sont ceux qui l'ont emporté haut la main. Ainsi, le ministre du Travail Michel Sapin et le locataire du Quai d'Orsay Laurent Fabius, respectivement sur les listes d'Argenton-sur-Creuse (Indre) et du Grand Quevilly (Seine-Maritime), ont été élus conseillers municipaux - ils n'étaient pas têtes de liste - dès le premier tour.
Mais leurs homologues du gouvernement ne peuvent pas en dire autant. Seul ministre tête de liste, Frédéric Cuvillier (Transports), élu dès le premier tour en 2008, a cette fois été mis en ballottage à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais). Marie-Arlette Carlotti (Personnes handicapées), tête de liste dans le stratégique troisième secteur de Marseille, a, elle, été écrasée par son rival UMP-UDI Bruno Gilles : la ministre n'obtient que 25% des voix, contre 41,5% pour le candidat de droite. Les listes sur lesquels sont Stéphane Le Foll (Agriculture) au Mans, Guillaume Garrot (Agroalimentaire) à Laval, Valérie Fourneyron (Sports) à Rouen, François Lamy (Ville) à Palaiseau, Aurélie Filippetti (Culture) à Metz sont toutes en ballottage, plus ou moins défavorable.

"Une abstention trop élevée"

Prenant brièvement la parole depuis Matignon en milieu de soirée - et avant la publication des résultats de la majorité des moyennes et grandes villes -, Jean-Marc Ayrault a reconnu que "certains électeurs" avaient "exprimé, par leur abstention ou leur vote, leurs inquiétudes, voire leurs doutes".
Pour le secrétaire national du PS aux élections, Christophe Borgel, l'abstention traduit "un message de désarroi, de désamour vis-à-vis de l'ensemble de la vie politique". Thierry Mandon, porte-parole des députés PS, a même parlé de "grève du vote massive" avec "21 millions de Français restés chez eux", dont selon lui, "les couches populaires, celles qui, peut-être, sont déçus de notre politique". L'opposition, à l'instar du patron des députés UMP Christian Jacob sur i-Télé, ne n'est pas privée de parler d'une France "bleue" et d'un "échec cuisant". Même constat pour Jean-Luc Mélenchon, le coprésident du Parti de gauche, qui a décrit un "désaveu pour la gauche" sur France 2.
Après minuit, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a annoncé le taux d'abstention à l'échelle nationale : 35,87%. "Cette abstention est trop élevée. C'est incontestablement un message envoyé par nos concitoyens. Il faut l'entendre. L'ensemble des responsables publics, politiques doivent l'entendre", a-t-il déclaré lors de son allocution à la presse, avant d'appeler au rassemblement des listes de gauche en vue du second tour. Manuel Valls est d'autant plus concerné qu'il est en troisième position sur la liste PS à Evry (Essonne). Celle-ci est certes arrivée en tête du premier tour des municipales dans cette ville, mais le taux d'abstention a atteint le niveau record de 61,29%.
 

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