jeudi 28 avril 2011

Hollande veut vendre du "rêve"

Le grand saut pour François Hollande. L'ancien premier secrétaire organise mercredi soir son premier meeting de candidat aux primaires socialistes. Une "réunion publique" placée sous le signe du "rêve français". Une manifestation qui se tient à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), en banlieue parisienne. Une ville, si l'on fouille un peu, symbolique et très socialiste puisque Jacques Delors en a été le maire entre 1983 et 1984 et que Pierre Bérégovoy y a vécu.
"François Mitterrand, alors simple candidat à la présidentielle, était venu s'exprimer au Théâtre Rutebeuf lorsqu'il construisait les conditions de la victoire du 10 mai 1981", rappelait dans LeParisien, mardi, le maire PS de la ville Gilles Catoire. Ce même théâtre qui accueillera les 600 personnes venues soutenir Hollande. Un signe? "Non, répond au JDD.fr Faouzi Lamdaoui, proche du candidat. Nous aurions pu faire ce premier meeting à Paris et l'invitation de Gilles Catoire date d'il y a neuf mois."

"Il n'y a pas de campagne sans histoire à raconter"

Et la soirée sera donc dédiée au "rêve français" que le président du conseil général de Corrèze souhaite incarner. "Ce terme, c'est François qui l'a trouvé", raconte Stéphane Le Foll, un proche également. "Ça fait longtemps qu'il tourne autour de l'idée, poursuit-il. Le rêve français, c'est l'aspiration à l'égalité et au progrès, il s'est concrétisé dans des moments comme la Révolution, la Commune, le Front populaire. Barack Obama avait inscrit son discours dans le rêve américain: 'On peut le faire'. Cela nous avait frappés. Il n'y a pas de campagne sans histoire à raconter, sans récit". Ce terme permet également de "mettre la France en avant, assure Lamdaoui. Il y a un rêve américain, il peut y avoir un rêve français, il faut l'accepter et le revendiquer".
Ça c'est pour la forme. Sur le fond, les propositions de François Hollande ont déjà été présentées au cours d'une longue interview donnée au quotidien 20 minutes, mercredi, et ont été révisées pendant tout le week-end pascal. Réforme fiscale, priorité de son éventuel quinquennat, des "assises de la démocratie sociale", logement, décentralisation, plus de moyens pour l'éducation, amélioration de l'orientation et de la mobilité dans l'emploi, mise en place d'un contrat de génération, réforme du Smic pour intégrer dans son calcul la croissance nationale… Le socialiste regorge d'idées, qui ne retrouvent pas dans le programme du PS. Et, mercredi soir, il ne devrait pas évoquer d'autres sujets. Peut-être l'Europe, les PME-PMI, la République et les primaires du PS. Rien n'était encore fixé mercredi midi.

Hollande va-t-il trop vite?

Reste que l'accélération du candidat Hollande, pour l'heure pas gêné par Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry, agace. Tant au sein de la direction du parti que chez les soutiens du patron du FMI. Ce meeting est le premier rendez-vous des primaires socialistes et, forcément, il "pose question" aux proches d'Aubry, chargée d'organiser la grande consultation. Notamment sur le fait que Hollande pourrait demander à ce que cette réunion publique soit décomptée dans son budget de campagne. Mais, assurent ses proches, c'est l'association qui représente son courant, Répondre à gauche, qui est mise à contribution.
"Nous avons fixé des règles, c'est une campagne électorale à partir du 28 juin. Je pense que François Hollande part trop tôt", giflait mardi Jean-Christophe Cambadélis, symbolisant l'énervement des strauss-kahniens vis-à-vis de l'ancien premier secrétaire. Jean-Marie Le Guen avait commencé lundi dans Le Parisien estimant que ce meeting était organisé "en dehors du calendrier prévu" et expliquant que ce n'était pas le moment pour Hollande "de montrer les biceps". "Les strauss-kahniens cherchent à éviter que François Hollande soit candidat. Tout le monde peut parler avant l'ouverture des candidatures. DSK l'a fait avec son interview sur France 2 et au Parisien il y a quelques mois", assure Le Foll. Pour Lamdaoui, Hollande ne "s'occupe ni d'eux, ni de personne. Il parle aux Français."

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