jeudi 9 juin 2011

L’UMP réhabilite la loi Hirsch

Tout ça pour ça!", s’est exclamé Jean-François Copé. Le secrétaire général de l’UMP reprend le micro juste après l’intervention de Martin Hirsch, le "père" du RSA, venu défendre sa création ce mercredi après-midi salle Gaveau à Paris, à l’occasion de la Convention justice sociale du parti présidentiel. Par cette seule phrase et dans un large sourire, Copé vient de résumer le fond du dossier. Il n’y aurait plus lieu à se quereller sur l’assistanat. Et pour cause. La loi de 2008 prévoit déjà la possibilité de créer des contrats aidés de quelques heures pour les allocataires sans solution, elle prévoit aussi des sanctions contre ceux qui refusent un emploi.
Plusieurs intervenants à la convention ont rappelé ces dispositions. Autrement dit, les formules-choc de Laurent Wauquiez contre l’assistanat sont déjà traduites dans les textes. Ils étaient simplement méconnus... L’UMP a tout de même repris la mesure Wauquiez, les cinq heures de travail hebdomadaires dans une collectivité locale, en l’amendant. Le "contrat unique de solidarité" prôné par Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint du parti, sera rémunéré. Mais il ne faut pas s’y tromper. Le RSA doit alors baisser –c’est son principe de base. Le "bénéficiaire" toucherait quelques euros de plus. Il n’y a pas de différence financière d’ampleur avec les "travaux d’intérêt général" sans diminution de RSA lancées avec fracas par Wauquiez.

Les excuses de Wauquiez

Pourquoi le RSA, avec ses droits et ses devoirs, est-il aussi critiqué, y compris par le chef de l’Etat? La convention justice sociale de l’UMP aura permis de pointer les impasses dans sa mise en oeuvre. Comme pour le RMI, le volet "insertion" se heurte aux défauts dans l’accompagnement des chômeurs et à la faiblesse des créations d’emploi. Autant de points cruciaux soulignés, chiffres à l’appui, lors des deux tables rondes organisées par l’UMP.
"Tout ça pour ça"? Copé pouvait avoir le sourire. Le secrétaire général a réussi la quadrature du cercle : afficher l'unité, réconcilier les sociaux et les libéraux en évitant le reniement d’une mesure-phare du quinquennat. Surtout, l’UMP apparaît dans une posture de fermeté face à l’assistanat – malgré le caractère limité de sa proposition. L’objectif politique reste, il s’agit de dissuader les électeurs tentés par le FN. Wauquiez, fort applaudi salle Gaveau, sort gagnant de l’histoire. Son débat débouche sur des idées (la fusion RSA-prime pour l’emploi par exemple), sa carrière s’écrit. Alors, quand Pierre Méhaignerie, en sage, lui reproche sur la scène d’avoir utilisé des propos excessifs, il fait amende honorable. Avec sa cravate rouge très visible, le ministre chargé des Affaires européennes répond qu’il est "désolé" d’avoir été mal compris et d’avoir pu choquer en parlant de "cancer" pour évoquer l’assistanat. Il semble avoir été pardonné.
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