vendredi 23 septembre 2011

Sénatoriales : tour d'horizon des nouveaux entrants

Dimanche, des élections sénatoriales cruciales se déroulent dans toute la France. A quelques sièges près, l'alliance UMP-Union centriste pourrait perdre ou non la majorité. Portrait de ceux qui, par leur élection, peuvent renouveler la Haute-Assemblée.  

Chantal Jouanno, star du scrutin

Le renouvellement des sièges parisiens du Sénat reste l'élément le plus médiatique de ce scrutin. Pour cause, la majorité s'est déchirée, proposant quatre listes aux grands électeurs – contre une liste de la gauche unie et une liste FN. Outre le conseiller divers droite Serge Federbusch et le centriste Yves Pozzo di Borgo, l'UMP s'est scindée en deux. A charge pour Chantal Jouanno de mener à bien la liste "officielle". La réussite est cruciale, la majorité de la Haute-Assemblée pouvant basculer à quelques sièges près.
La ministre des Sports, certaine d'être élue, a toutefois peiné à convaincre face à la dissidence de Pierre Charon. En cause, le parachutage dans la capitale de cette fidèle de François Fillon, qui pourrait briguer la mairie de Paris en 2014. "Déjà que mathématiquement, du fait des dernières élections, on perd un sénateur; en perdre deux, ce serait beaucoup", a toutefois répété la ministre, qui a rallié sur le tard les plus sceptiques – Rachida Dati, par exemple, "malgré les coups bas" qu'elle a reçues.

Pierre Charon, la dissidence inattendue

Conseiller de Nicolas Sarkozy en 2007, Pierre Charon avait été un peu écarté des affaires de l'Etat depuis deux ans. Au moment de la distribution des rôles pour la liste parisienne de l'UMP, il n'apparaît pas en bonne place. Malgré les menaces de François Fillon, le président du Sénat Gérard Larcher et même de Nicolas Sarkozy, Pierre Charon a donc choisi de déposer sa propre liste. Un schisme qui pourrait coûter le siège de trop à la droite.
Face aux critiques – "voter Charon, c'est voter communiste", a ainsi lâché le patron de la fédération UMP de Paris, Philippe Goujon –, Pierre Charon reste droit dans ses bottes, assurant qu'il a le soutien d'au moins "174 grands électeurs", ce qui lui suffirait à obtenir un siège. Mais s'il est élu, ce sera au détriment du 4e prétendant inscrit sur la liste de Chantal Jouanno, Daniel-Georges Courtois, un proche de François Fillon.

Marie-Noëlle Lienemann, la nomade

Les querelles de la droite parisienne ont redonné de la vigueur à l'opposition. D'autant que le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon a finalement refusé de s'inscrire en dissidence. La liste "gauche unie", menée par Jean-Pierre Caffet, est donc chargée en personnalités, parmi lesquelles la socialiste Marie-Noëlle Lienemann. Cette ancienne ministre du Logement sous Mitterrand puis sous Jospin n'est pas vraiment ancrée dans la capitale. Nomade, elle a enchaîné les mandats dans l'Essonne, où elle a été conseillère générale à Massy puis député-maire d'Athis-Mons, et dans le Pas-de-Calais, où elle a été eurodéputée et maire-adjointe d'Hénin-Beaumont.

Jean-Vincent Placé, "Richelieu" au Sénat

Peu connu du grand public, Jean-Vincent Placé – le conseiller politique de Cécile Duflot – est à la tête d'une liste d'union regroupant EELV, le PS et le PCF. La partie semble bien engagée pour le "Richelieu des Verts". Le vice-président de la région Ile-de-France devra notamment affronter Serge Dassault, sénateur et ancien maire de Corbeil-Essonnes (UMP). Mais aussi la liste dissidente du socialiste Michel Berson, qui – en position non-éligible dans l'équipe de Placé – a décidé d'y aller de son côté. L'ancien président du conseil général de l'Essonne pourrait ainsi empêcher le candidat PCF d'être élu, au profit de la droite. Ce que regrettent les instances socialistes pour qui la liste EELV-PS-PCF est "la seule à même d'assurer les conditions de la victoire".
L'arrivée au Sénat de Jean-Vincent Placé pourrait être une première étape en vue d'intégrer le gouvernement en cas de victoire de la gauche en 2012. Celui qui a été qualifié de "Coréen national" par Alain Marleix, le spécialiste de la circonscription électorale à l’UMP, s'imagine bien en ministre de l'Intérieur ou du Budget.

Maurice Leroy, après vingt ans d'absence

S'il est élu dimanche, Maurice Leroy pourrait retrouver une maison qu'il connaît bien. L'actuel ministre de la Ville a en effet été secrétaire général au Sénat de 1984 à 1990, pour le compte du… Parti communiste. Depuis, l'élu du Loir-et-Cher a fait du chemin et postule pour un poste de sénateur sous les couleurs du Nouveau centre, mais avec le soutien de l'UMP. Comme pour Chantal Jouanno et Gérard Longuet, la question se pose de son maintien au gouvernement. Si la majorité ne conserve que quelques sièges d'avance, il lui faudra prêter main forte, notamment pour laisser Gérard Larcher au plateau.
Les 937 membres du collège électoral devront choisir entre lui, la proche de François Bayrou Jacqueline Gourault et le socialiste Jeanny Lorgeoux. Mais le pronostic est favorable à Maurice Leroy, qui est déjà président du conseil général.

Yves Jégo voit large

Pour l'ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, qui a quitté l'UMP pour rejoindre la garde rapprochée de Jean-Louis Borloo, ces sénatoriales représentent plus qu'un simple enjeu local. Yves Jégo espère en effet pouvoir créer le premier groupe parlementaire de l'Alliance républicaine écologiste et solidaire (Ares) de Jean-Louis Borloo et Hervé Morin. Maire de Montereau-Fault-Yonne, il était jusqu'à maintenant député de Seine-et-Marne. Lors des législatives de 2007, il avait été réélu avec 63,47% des suffrages, le meilleur score de la majorité au premier tour.
Mais son passage au Sénat ne s'annonce pas de tout repos : alors qu'il va tenter de défaire le communiste Michel Billout, bien ancré dans sa circonscription, Yves Jégo bataille contre une liste UMP... et une liste Nouveau centre, ses alliés pourtant au sein de l'Ares. Sa popularité locale pourrait toutefois lui permettre de l'emporter dans un scrutin d'ores et déjà très serré.

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