jeudi 31 mai 2012

Législatives : Royal, la battante, joue très gros à La Rochelle

Elle a désormais le soutien officiel du gouvernement. "Une femme à la présidence de l'Assemblée nationale, ce serait un beau symbole", a estimé Jean-Marc Ayrault dans une interview à L'Express.fr mardi. Ségolène Royal "en a les qualités", a souligné le maire de Nantes. Mais l'élection au perchoir de la présidente de Poitou-Charentes ne sera pas une formalité. Son premier défi ? Etre élue députée dans la circonscription de La Rochelle, où elle a obtenu l'investiture du PS fin novembre contre l'ancien premier secrétaire départemental du parti Olivier Falorni. Ce professeur de 40 ans, exclu de la direction de Charente-Maritime pour cette affaire, n'a jamais digéré la manière dont Ségolène Royal, soutenue par l'actuel député-maire de la Rochelle, est arrivée dans cette circonscription.


Le PS a désigné l'ex-candidate à la présidentielle sans primaire locale, assumant "un choix politique" en faveur d'une candidate "essentielle pour notre parti". "Je conviens que c'est une procédure inhabituelle, mais ma situation, de par mes combats, n'est-elle pas aussi hors du commun? Je mérite un minimum de respect, non?" avait-elle expliqué à La Charente Libre.

Avec 14 candidats au total, le scénario d'un duel Falorni-Royal au 2e tour est le plus probable. Dans sa permanence du quartier populaire de Villeneuve-les-Salines, la candidate espère bien que les électeurs réagiront en sa faveur "à (l') embrouille". Elle mise sur son "lien aux gens" et sur son bilan à la région pour se dire "très confiante" dans l'issue du scrutin. Et voit aussi "beaucoup de misogynie" dans ses détracteurs. Les deux candidats en sont actuellement à s'envoyer des lettres d'avocats, le PS reprochant à Olivier Falorni une photo de son tract le montrant en compagnie de François Hollande.

"Elle pensait gagner dès le premier tour"


Un sondage dira vendredi quel candidat est le mieux placé. A la fédé de Charente-Maritime, on ne se risque pas aux pronostics sur les rapports de force, mais on constate que le rythme de la présidente de région a changé de vitesse. "Au début de la campagne, elle était très sûre d'elle. Elle pensait qu'il lui suffirait d'apparaître pour avoir la faveur des électeurs. Elle s'est aperçue qu'elle s'était trompée", commente une militante très avisée de la situation locale, contactée mercredi par TF1 News. "Elle pensait gagner dès le premier tour. En fait, elle se rend compte qu'elle doit organiser des réunions, faire campagne comme n'importe quel candidat", constate l'observatrice. "Le fait qu'Ayrault - un voisin - se déplace montre qu'elle doute de sa victoire", renchérit même la militante, faisant allusion au meeting commun organisé par Ségolène Royal avec le premier ministre vendredi. Les deux principaux candidats, assure-t-elle encore, ne jouent pas à armes égales : "Olivier Falorni, enseignant en lycée, ne veut pas lâcher ses élèves en cette période d'examens. Certes, il a des relais, un comité de soutien plus étoffé que Ségolène Royal, mais les gens veulent voir le candidat en personne".


L'atmosphère, elle, est "crispée" dans les sections. Un "clivage" ("50%-50% dans la section de La Rochelle") est perceptible entre pro et anti-royalistes. Il y a surtout le péché originel, très mal digéré, de la désignation. "Pour quelqu'un qui s'engage pour la démocratie participative, s'affranchir du vote des militants parce qu'elle pensait qu'elle ne serait pas élue est très mal passé", se souvient la socialiste. Déçus, beaucoup de militants locaux ont tout simplement renoncé à participer d'un côté ou de l'autre à la campagne législative.

Front anti-Ségolène chez les députés PS
Si elle parvient à s'imposer, Ségolène Royal devra ensuite convaincre les députés PS de voter pour elle. Ce qui, une fois encore, est loin d'être gagné. D'abord parce qu'elle a des concurrents sérieux : Jack Lang et Jean Glavany, veulent eux aussi s'assoir au perchoir. En février, l'ancien ministre de l'Education, candidat dans la 2e circonscription des Vosges, avait dit vouloir "être l'un des acteurs du renouveau du parlement". Et avait taclé implicitement sa rivale : "attention, je ne me désigne pas prétendant de droit, comme ont pu le faire certaines personnes. Je me soumettrai au vote bien évidemment". L'élection du député des Vosges est toutefois peu probable : les députés lui reprochent d'avoir voté la réforme constitutionnelle de 2008 adoptée grâce à une seule voix.

Jean Glavany est un candidat plus sérieux que l'ancien ministre de la Culture. Ancien vice-président de l'Assemblée, président d'une commission d'enquête, le candidat des Hautes-Pyrénées possède de nombreux soutiens au Palais Bourbon quand Ségolène Royal, absente pendant cinq ans des rangs de l'Assemblée, souffre d'un déficit de popularité au parlement. Fabiusiens, aubrystes ou jospinistes de l'Assemblée fourbiraient déjà leurs armes contre elle. Mais Ségolène Royal ne s'avoue pas facilement vaincue.

http://lci.tf1.fr/politique/elections-legislatives/legislatives-royal-joue-tres-gros-a-la-rochelle-7321948.html

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