Dès qu’il descend de sa voiture à Saint-Quentin, Xavier Bertrand entame un brin de causette avec le premier piéton rencontré. « Bonjour madame, comment ça va? » lance-t-il à une mère de famille qu’il semble reconnaître : « Vous direz bonjour à votre mari? » Puis, direction une résidence pour personnes âgées où le député-maire a visiblement ses habitudes. Un bref passage à l’heure du déjeuner, une demi-heure chrono entre fromage et dessert, où il s’assied au côté de Marie Boulmet, 101 ans. « Une centenaire, ça serait bien que ce soit contagieux! » clame-t-il. A voir les mines amusées, la formule fait son petit effet. Il s’enquiert des dernières doléances, des petits tracas des retraités. Et le café à peine terminé, le voilà déjà reparti. Vers le village de Moy-de-l’Aisne, où l’ex-ministre de la Santé visite une ferme reconvertie en chambre d’hôte avant de retrouver des supporteurs dans un pub irlandais situé au bord d’une départementale.
Risques évidents de triangulaire
A deux semaines du premier tour des élections législatives, l’ex-poids lourd du gouvernement Fillon sait qu’il n’a pas une seconde à perdre. Parmi les anciens ténors de la majorité sortante, c’est lui qui est le plus fragilisé dans son territoire. Et pour cause : dans cette deuxième circonscription de l’Aisne, où Xavier Bertrand devra affronter dix autres candidats, François Hollande a obtenu plus que la moyenne nationale à l’élection présidentielle (52,57%). Surtout, au premier tour, Marine Le Pen a fait le plein avec 24,91% des suffrages exprimés. « Tout le monde dit que je suis le plus menacé. Mes adversaires font une campagne très dure et très agressive à mon égard. On verra bien… » commente-t-il, persuadé qu’il peut déjouer les mauvais pronostics malgré les risques évidents de triangulaire.
« Le Front national a toujours été très fort dans ce département. Mais, là-dessus, ma ligne politique a toujours été claire : aucune forme d’alliance. » Pour faire la différence, il entend faire campagne sur ses deux thèmes fétiches : « Le régalien et la justice sociale, glisse-t-il. Et puis, j’ai aussi mon équation personnelle. Ici, les gens me voient tout le temps, pas seulement en période de campagne. La ville a par ailleurs profondément changé ces dernières années, et on a continué de créer des emplois. En temps de crise, c’est un exploit que je revendique. »
Un bilan que contestent ses adversaires. Comme la socialiste Anne Ferreira, vice-présidente au conseil régional, qui entend surfer sur le bon score de Hollande le 6 mai pour ravir le siège de député dans cet ancien fief de gauche. « Il ment. Le Saint-Quentinois reste au-dessus de la moyenne nationale du chômage, et il y a encore des fermetures d’usines », tacle-t-elle. « Cette élection est très ouverte », estime l’autre principal candidat, le frontiste Yannick Lejeune, persuadé de pouvoir jouer « les arbitres ».
Et lui non plus n’est pas tendre avec le député sortant, qu’il accuse de « sectarisme ». « Lui et son équipe n’ont pas une attitude respectueuse envers nous, donc envers nos électeurs, attaque-t-il. Dernièrement, j’ai demandé une salle pour une réunion publique. Ils ont fini par me donner la plus petite de la ville, qui plus est dans le quartier le plus chaud! »http://www.leparisien.fr/elections-legislatives-2012/xavier-bertrand-sous-pression-28-05-2012-2020665.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire